A la terrasse d'un petit café

Humain Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 08/01/2006

Le soleil se couche à peine, et les derniers reflets qu'il lance font danser la lumière dorée sur les méandres de la Seine, témoin inexorable de la vie parisienne.

A la terrasse d'un petit café, Diane est assise, seule et contemple d'un air désintéressé ce spectacle crépusculaire en dessinant du bout du doigt des dessins inachevés dans l'humidité qui se condense contre son verre à moitié vide. Son regard trahit le cafard des mauvais jours, nullement arrangé par la demi-bière en pression qu'elle venait d'ingurgiter.

Encore une journée qui s'achève à côtoyer des gens insousciants pour la plupart... Encore une visite chez la psy aujourd'hui, après les cours, et encore et toujours la même rengaine:

"Sortez donc, amusez-vous, rencontrez des gens. Si vous vous morfondez sans cesse, rien ne s'arrangera."

*Ouais, mais peut-on aller vers les gens quand on ignore qui ils sont réellement ? Qui sait les intentions réelles des parfaits inconnus, quels monstres peuvent se dissimuler derrière des masques humains et souriants ?

Et le soleil se couche...Je devrais rentrer chez moi, mais à quoi bon ?*

Des images qu'elle aurait préféré oublier s'immiscèrent dans sa mémoire, rendant son état d'abattement un peu plus profond, si possible. Mais la peur vint se rajouter au lot de ses émotions.

*Il faut que je rentre chez moi. Oui... Même si je n'y suis pas plus en sécurité qu'ailleurs... Qu'est-ce que je devrais faire ?*

Paralysée par l'inquiétude, elle laissa son regard dériver autour d'elle, mais n'esquissa pas le moindre geste pour se lever.

Lestat passait par là. Son âme vagabonde il ne cessait de penser à Nicolas qui avait soudain réaparu dans sa vie. Il avait toute la nuit devant lui, toute la nuit pour pleurer sur son passé fastueux où il pouvait goûter la prénombre et sentir le jasmin sans se préocuper du lendemain, où chaque mortel qui posait ses yeux sur lui était immédiatement en état de transe. Une époque où aucune reine sanglante ne voulait faire de lui son roi. Le passé s'engouffrait dans l'esprit de Lestat diluant en lui sa passion.

Humain Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 08/01/2006

*Le ...passé ?* Il y eut quelque part un écho de cette pensée, ou de quelque chose de proche de sa propre pensée, qu'elle put à peine saisir, mais qui la détourna un instant de ses propres hantises. De façon automatique, son regard se porta vers les passants proches, dont les silhouettes se découpaient à contre-jour dans l'obscurité naissante... Puis vers les tablées où étaient regroupés des amis plongés dans une conversation animée et joyeuse... Et un couple qui venait de se lever en échangeant des sourires complices, sans doute pour partir, main dans la main, comme tous les jeunes couples à qui l'avenir sourit.

"Les ignorants sont bénis." murmura-t-elle dans un souffle, vaguement consciente qu'elle les détestait de ne pas savoir, justement. Mais même ça, même la haine, c'était actuellement au-dessus de ses forces. Elle détourna les yeux, revint observer la berge. A nouveau cet écho de passé teinté de nostalgie, non, peut-être de mélancolie, plus proche, mais toujours aussi flou et insaisissable. Autant essayer d'empoigner de l'eau vive. Impossible de savoir de qui cela émane... Si flou, peut-être quelqu'un sur l'autre rive de complètement absorbé ? A moins que cela ne soit un...? Non, ne pas y penser, à aucun prix. Comment peut-on aider les autres à vaincre leurs démons intérieurs si l'on est incapable de commencer par s'aider soi-même ?

*Au moins, cela m'aura-t-il détournée de mes peurs... Je vais arrêter de voir des spectres partout... Pour un moment, au moins.* songea-t-elle en mettant de l'ongle une pichenette sur le bord de son verre, geste dont résultât une petite note cristaline et des remous dans le reste de bière. *C'est décidé, je rentre. Il est encore assez tôt pour ça.*

Elle se leva, et enfila la veste en skaï qu'elle avait laissé sur le dossier de sa chaise, tout en prenant soin d'y aller en douceur au moment de passer son bras gauche dans la manche. C'est que le temps fraîchissait déjà, et un vent léger commençait à souffler. Dieu sait comme les cicatrices de blessures profondes sont sensibles aux températures. D'un pas vif, elle commença à longer la berge en direction des rues, où résidait son appartement... clos. Un frisson lui hérissa l'échine à cette simple pensée, et son pas hésita un instant.

*Bon, et après ? Tu préfères dormir sur le trottoir ? Bien sûr que non ! Allez, sois forte.*

Elle reprit sa marche, au même rythme que précédemment.

(vers =====> Les rues)

Lestat avait entendu des pensées se mélée aux siennes presque amoureusement. Il avait immédiatement dédecté la propriétaire de ces pensées. Une jeune mortelle qui se levait prestement. Elle était jolie, de taille fine. Son air inquiet affiché sur son visage l'intrigua.

Il s'arrêta en plein milieu de la foule si bien qu'une épaule le frappa puis deux, il s'écroula sur le sol comme une poupée de chiffon. La douleur de ses pensées s'était emparé de son corps. Il rampa hors de la foule qui ne le voyait même pas. Il se releva et constata avec tristesse que son costume était dégueulasse.

Il se tourna. La mortelle avait disparue.

Vampire artiste Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 18/11/2005

Un démon aux allures d’un ange se dressait dans l’ombre d’un petit muret, regardant Lestat depuis maintenant, une bonne demi-heure. Il hésitait d’avancer.Cette hésitation était soudainement apparue, chose qui n’était vraiment pas habituel dans la vie de Nicolas. Que faire ? Aller vers Lestat et lui dire encore une fois des mots blessant et doux à la fois ? La dernière visite qu’avait rendue Nicolas à Lestat n’avait pas été fructueuse. Lestat avait ignoré son ancien amant et cela avait beaucoup touché celui-ci qui était parti en trompe. Mais après cet instant d’hésitation, il se décida à avancer dans la direction de Lestat, cognant au passage dans l’immense foule de personne qui sortait de nulle part. Se tenant maintenant devant Lestat, Nicolas baissa la tête ne sachant quoi dire puis la remonta et croisa le regard du blond immortel.

« Pardonne moi… Je ne me reconnaissais plus moi-même et la folie m’avait habitué depuis trop longtemps. Maintenant, tu ne veux plus de moi mais je ne peux me faire à cette idée. » Lentement, il tourna la tête pour apercevoir la foule s’agiter au milieu d’eux comme une fourmilière. Nicolas ne pouvait plus regarder comme avant celui qu’il aimait encore car il l’avait trop fait souffrir, il se sentait honteux et ne mérite que la mort.

« Je ne sais pas quoi te dire, vraiment pas quoi. J’ai essayé de te retrouver, j’avais tant à te dire, je t’ais haïs et je t’ais aimé en même temps. Mon cœur a finit par exploser et maintenant, je ne sais plus quoi faire et où j’en suis. » Dit-il tout en regardant la foule, bousculer tout sur son passage.

Lestat fut frolé par un humain puis il vit Nicolas. C'était une étrange vision. Le jeune homme avait été son meilleur ami mais à présent cela lui semblait être dans une autre vie. Il s'était passé tant de choses. Lestat ne savait pas si Nicolas était là pour le tuer, pour se venger d'une quelconque manière mais il était certain que Nicolas n'était pas là pour lui faire un calin. Dommage, Nicolas avait eu un goût de pêche lorsque le vampire l'avait goûté pour lui offrir par la suite son sang. Il n'avait pas fait cela par égoïsme, il l'a fait pour sauver Nicolas d'une mort certaine. A ce moment là il n'aurait pu imaginer que son meilleur ami lui en voudrait. Comment aurait-il pu deviner que Nicolas détesterait sa nouvelle nature, qu'elle le rendrait presque fou, alors que lui, Lestat en était sortit sublimé.

" Que veux-tu Nicolas? J'aimerais tant qu'il n'y ai pas toute cette haine et cette colère entre nous, mais excuse moi, j'ai du mal à croire que tu sois venu pour faire la paix. Tu sais que moi, je ne t'en voudrais jamais, que tu seras toujours pour moi ce jeune homme si talentueux et si fier, qui m'a donné un peu d'espoir alors que j'étais dans l'obscurité. "

Le vampire était prêt à tout oublier, y compris les accès de folie de son ami, mais il avait un mal fou à imaginer une seconde que Nicolas ait, lui, tout oublier. La dernière fois qu'il l'avait vu, Nicolas était décidé à mettre le feu au théâtre. Nicolas n'était ni sain d'esprit, ni totalement dépourvu de haine. Lestat aurait fait n'importe quoi pour Nicolas, il était aveuglé par son amour et n'avait pas vu la chute aux enfers de son ami.

» Le Café-Billard: "C'est la Vie"